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L'Art de la mémoire, nrf, Gallimard, 1975, 1987,
Les Grecs ont inventé un art de la mémoire qui, transmis à Rome, est passé dans la tradition occidentale. Frances A. Yates étudie cet art depuis l'utilisation qu'en faisaient les orateurs de l'Antiquité jusqu'à la forme occultiste qu'il prit à la Renaissance et au début du XVIIe siècle, en passant par la métamorphose morale que le Moyen Âge gothique lui fit subir. Elle envisage également de ce point de vue les pensées de Raymond Lulle, de Pierre de La Ramée et, surtout, de Giordano Bruno, le grand artiste, poète et philosophe occultiste de la mémoire à la fin de la Renaissance.
L'histoire de la mémorisation est un cas évident de sujet à la fois marginal et central à la formation de notre culture et de notre civilisation. Comme écrit l'auteur : «On a omis de l'étudier parce qu'il n'était l'affaire de personne. Et le résultat est, pourtant, qu'il constitue l'affaire de tout le monde.» L'histoire de l'organisation de la mémoire touche en effet des points fondamentaux de l'histoire de la religion et de la morale, de la philosophie et de la psychologie, de l'art, de la littérature et de la méthode scientifique. Ce travail considérable éclaire de lumières neuves et souvent décisives aussi bien Dante que le Globe Theatre de Shakespeare, Giotto aussi bien que Leibniz, Giordano Bruno – à qui Frances Yates a consacré un précédent ouvrage – aussi bien que Fludd ou Quintilien.
Mais l'apport principal de cet ouvrage tient sans doute à ce qu'il jette les bases historiques et méthodologiques de ce que pourrait être une histoire de l'imagination dans le monde occidental ; l'art de la mémoire, fondé sur des «images» et des «lieux», lié à la magie et à l'hermétisme comme à la naissance de la méthode scientifique, est en effet une voie d'approche privilégiée pour comprendre ce qui se passe entre le moment où Giordano Bruno fait de l'imagination le principe supérieur selon lequel organiser la psyché et celui où Pascal et tant d'autres en feront la «folle du logis», la «maîtresse d'erreur et de fausseté», posant ainsi les bases d'une aliénation dont les conséquences sont toujours sensibles.
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L’ART DE LA MEMOIRE :
RHETORIQUE ET FABRICATION DES IMAGES
AU MOYEN ÂGE
PREMIERE PARTIE
LES SOURCES ANTIQUES DE L’ART DE MEMOIRE
AU MOYEN ÂGE
I. Trois sources latines sur l’art de la mémoire
1. Histoire du poète Simonide de Céos
2. Un manuel pratique anonyme : Ad Herennium
a) Mémoire naturelle et mémoire artificielle
b) Les règles de l’Ad Herennium
3. Cicéron : De oratore et De inventione
4. Quintilien et les principes généraux de la mnémonique
II. Grèce : la mémoire et l’âme
1. Le présocratique Simonide de Céos (556-468)
2. Aristote et la mémoire artificielle
3. Platon et les tablettes de cire
4. Métrodore de Scepsis et le zodiaque
5. Apollonios de Tyane, mage du néo-pythagorisme
6. Saint Augustin
DEUXIÈME PARTIE
L’ART DE MEMOIRE MONASTIQUE :
HEURISTIQUE ET FABRICATION DES IMAGES
I. Métamorphose médiévale de l’art classique de la mémoire
1. Marcianus Capella et De nuptiis Philologiae et Mercurii
2. Prima Rhétorica et Nova Rhetorica
3. Albert le Grand et Saint Thomas d’Aquin
a) Le De bono d’Albert le Grand
b) La Summa de Saint Thomas d’Aquin
4. Importance religieuse et morale de la Mémoire
II. La mémoire : une architecture pour la pensée
1. Saint Paul et l’architecte
2. Grégoire le Grand
3. Hugues de Saint-Victor
III. Fabrication des images par et pour la mémoire :
1. L’exemple des constellations
2. Memoria verborum et memoria rerum
3. Une carte pour le souvenir : le pèlerinage à Jérusalem
4. Une petite histoire du centon
5. Curiositas
6. L’angoisse mnémotechnique
7. Etymologie et mémoire
BIBLIOGRAPHIE |
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